L’articulation de cette installation s’est construite par nombre d’expériences de la matière confrontées au savoir-faire, aux lectures et à l’expérience de Philippe Mont Marin et recoupés avec les récits et méthodes de travail de Carole Cicciu. Cette histoire traite de l’ubiquité dont est teintée sa conception. L’artiste résident sur Paris, le développement de « Paradox Metrology » a suivi cette présence lacunaire de l’artiste, présence qui semble avoir donné sa forme à l’exposition.

Entre apparition, disparition et entre deux, Cicciu livre une expérience intimiste et évanescente, faite de quantification occulte, de fantômes et de pop culture. Son Approche singulière de la céramique et des émaux (fruits de la recherche du céramiste sur plusieurs décennies) esquisse une histoire de banquet suspendu dans le temps qui n’est pas sans rappeler les tableaux pièges de Spoerri, où l’humain est central par son absence, terrain de jeu de spectres soumise à une logique parallèle. Ses récipients, personnages et éléments de mobilier multiplient les matières et les textures, formant un ensemble pluriel qui soumettent le spectateur à l’impression perturbante d’intervenir comme le convive non désiré de ce tableau immobile. Cette impression est d’ailleurs renforcée par l’horizontalité manifeste de l’installation, laquelle condamne le visiteur au surplomb. Baptisées du nom des Moires de l’antiquité grecque, Clotho (le tapis), Lachésis (la « médium ») et Atropos (le fantôme) incarnent les trois étapes du passage de l’apparition à la disparition, et interviennent comme trois autorités auxquelles sont soumises le reste des propositions.

Thibault pellant